En utilisant l’aquaponie, système d’aquaculture mêlant culture de végétaux et élevage de poissons, le projet « Sculpture Aquaponique » cherche à sensibiliser le public sur des questions environnementales telles que  l’agriculture urbaine et la biodiversité. Rencontre au laboratoire EPOC avec Nadia Russel, Tommy Vissenberg, artistes de l’agence créative et les chercheurs Magalie Baudrimont et Jérôme Cachot.

 (Par Arthur Rafié)

Qu’est-ce que l’aquaponie ?

 Le terme aquaponie vient de la contraction des termes « aquaculture » et « hydroponie ».  Ce dernier définit un système agricole permettant de produire des légumes hors-sol. L’aquaponie, elle, associe l’élevage de poissons et la culture de plantes comestibles dans un circuit fermé pour créer un écosystème vertueux. En effet, dans un premier bassin l’on va retrouver des poissons dont les déjections sont transformées grâce à des bactéries en matières assimilables par les plantes qui, à leur tour viennent purifier l’eau.

 La difficulté d’un système comme celui-ci, provient de la notion d’équilibre qu’il y a, à respecter. Chaque partie devant trouver son optimum de croissances via des éclairages ou bien des températures différentes. Un travail de longue haleine mais permettant de réaliser des économies substantielles. C’est tout naturellement que ce projet s’inscrit dans un programme de recherche et d’expérimentation développé par L'Agence Créative, sensibilisant à l’agriculture urbaine et baptisé « il faut cultiver notre jardin ».

Une collaboration artistico-scientifique

 Ce projet est né de la collaboration entre les scientifiques Jérôme Cachot, enseignant-chercheur HDR d'écotoxicologie aquatique, toxicologie environnementale et réglementaire, Magalie Baudrimont, directrice-adjointe UMR EPOC, professeur d'écotoxicologie aquatique et l’agence créative.

 En résidence à l’UMR EPOC, les scientifiques apportent leur expertise quant au choix des espèces qui s’intégreront au mieux dans la sculpture totémique confectionnée par Tommy Vissenberg, artiste plasticien et designer par Delphine Gouzille, designer évoluant tous deux au sein de l’Agence créative.

Cette sculpture fait intervenir l’atelier Prémont spécialisé dans la verrerie artistique mais aussi scientifique. Ils ont notamment réalisé des pièces de verrerie pour l’université de Bordeaux. Un clin d’œil leur est fait dans le choix des pièces qui ont servi à réaliser l’aquarium des sculptures.

 L’accompagnement scientifique est essentiel pour que l’écosystème reste viable. C’est aussi une source de découvertes puisque certaines des espèces retenues pour leurs résistances dans la sculpture vont peut-être pouvoir servir dans le cadre d’études scientifiques dans le domaine de la toxicologie.

 Du projet aux réflexions environnementales

 Cette sculpture relève de véritables défis dans son choix des matériaux. La céramique est aussi élégante qu’elle est difficile à manipuler et rendre la structure étanche demande une technicité accrue de la part des artistes. Ce projet porte également un message très actuel sur l’environnement. Au-delà des sculptures présentées tout un volet de médiation sera construit autour de réflexions environnement comme le cycle de la matière ou encore la pollution des eaux. L’occasion aux différents acteurs du projet de s’ouvrir face à un public initié ou non à l’art contemporain ou aux sciences.

 Les enjeux scientifiques et environnementaux sont grands. Comment les arts et les sciences peuvent nous aider à comprendre le bon fonctionnement d’un système aquaponique voire même de notre écosystème ?